
Le chemin vers l’indépendance
Réviser le processus d’atteinte de l’objectif
Extrait du chapitre 2 du livre sur "L'indépendance comment y arriver ?" par Ronald Sirard
1. Le référendum : une impasse
L’auteur critique la croyance, profondément enracinée au Québec, selon laquelle l’indépendance doit nécessairement passer par un référendum. Il rappelle que ce choix fut fortement influencé par des manœuvres politiques (Claude Morin et la GRC) visant à piéger le mouvement indépendantiste. Or, l’histoire démontre que le référendum est une arme à double tranchant : les deux expériences québécoises (1980 et 1995) se sont soldées par des échecs et un traumatisme collectif.
D’un point de vue politique, il souligne que la démocratie canadienne repose sur le parlementarisme : ce sont les élections qui confèrent aux élus la légitimité d’adopter des lois, non pas un vote direct de l’ensemble des citoyens. Un gouvernement élu avec un mandat clair pour réaliser l’indépendance aurait donc, légalement et légitimement, l’autorité de la proclamer, sans passer par un référendum. Le recours au référendum, en plus d’être statistiquement défavorable aux changements radicaux, ouvre la porte à des ingérences extérieures, comme ce fut le cas en 1995 avec les interventions illégales du fédéral
2. L’élection comme voie légitime
L’auteur défend l’idée qu’une élection peut être centrée exclusivement sur l’indépendance, à l’instar de celle de 1962 sur la nationalisation de l’électricité. Dans ce cadre, seule la loi électorale québécoise s’applique, ce qui réduit fortement les possibilités de sabotage externe. Si le mandat est clair, l’Assemblée nationale pourrait, par simple vote, adopter une loi proclamant l’indépendance du Québec — un geste à valeur juridique immédiate et incontestable.
En cas de résultats électoraux jugés insuffisants pour un geste aussi décisif, la solution n’est pas un référendum, mais la tenue rapide d’une nouvelle élection afin d’obtenir un mandat clair. L’ambiguïté doit être écartée : c’est oui ou non.
3. Refuser de gérer une province
L’auteur affirme que les indépendantistes doivent rompre avec la logique de « bonne gouvernance provinciale ». Lorsqu’un parti indépendantiste administre le Québec comme une simple province, il transmet le message que l’indépendance est secondaire et accessoire, alors qu’elle devrait être présentée comme une condition essentielle pour bien gouverner. L’indépendance n’est pas un idéal abstrait, mais un outil nécessaire à l’efficacité politique.
4. Rompre tout lien avec le Canada
Selon l’auteur, un autre obstacle majeur réside dans la formulation des référendums passés, qui laissaient espérer un partenariat continu avec le Canada. Cela entretenait l’idée que l’indépendance devait forcément s’accompagner d’un lien avec l’ancienne métropole, renforçant ainsi un réflexe de dépendance coloniale. Pour l’auteur, l’indépendance signifie rupture complète : une libération, non un compromis.
5. L’indépendance : un objectif à portée de main
Contrairement au discours qui prétend qu’« il reste un pays à construire », l’auteur soutient que le Québec possède déjà tous les attributs d’un État moderne : territoire défini, population éduquée, institutions politiques, système de santé et d’éducation, etc. Ce qui manque n’est pas l’infrastructure d’un pays, mais le courage collectif d’assumer cette indépendance. Le Québec est déjà un pays en puissance ; il lui suffit de reprendre tous les leviers de pouvoir que le fédéral détient encore.
6. La reconnaissance internationale
Un mythe persistant veut que seule une victoire référendaire puisse assurer la reconnaissance internationale. L’auteur conteste cette idée : dans les faits, l’ONU regroupe des États nés de processus variés, parfois sans aucun recours à des votes démocratiques. Ce qui fonde la reconnaissance internationale, c’est le principe d’effectivité : le contrôle réel d’un territoire par son gouvernement.
Ainsi, dès la déclaration d’indépendance, le Québec devra démontrer qu’il exerce ce contrôle : frontières, sécurité, citoyenneté, diplomatie, services publics. La transition exige donc une préparation minutieuse pour assurer la continuité et prouver que l’État québécois est pleinement fonctionnel.
Le chapitre se termine par l’appel à un discours clair et cohérent : pas de questions compliquées, pas de demi-mesures. L’indépendance est nécessaire, légitime et accessible en peu de temps, à condition de mobiliser une structure politique forte et de convaincre la population de sa supériorité sur la dépendance. La vraie tâche n’est pas de préparer un référendum, mais de construire une majorité de citoyens convaincus que l’indépendance est indispensable.
